Le mercredi 22 mars, à Walhain, la régionale Ecolo Brabant wallon a testé pour vous le « Zéro déchet » avec des personnes qui appliquent ce principe au quotidien. Passer au zero déchet, c’est un processus progressif et…amusant. On commence par les petits changements dont on a envie, et puis tout s’enchaîne naturellement. Bien sur, bon nombre d’entre nous appliquent déjà ces principes, mais peut-être pas de façon systématique. Pour certains, ce sera acheter des produits en vrac, à la découpe (en venant avec ses contenants et on en profite pour papoter avec les commerçants), pour d’autres ce sera fabriquer ses propres produits d’entretien. On crée, on recycle, on répare…bref, on y va « step by step », on teste, on voit ce qui marche ou pas. Et progressivement, on intègre de nouveaux changements. Ce qui saute aux yeux, c’est le côté ludique et enthousiasmant. Bref, on fait du bien à l’environnement et au portefeuille, ça favorise les échanges entre les gens et ça booste le moral.

Voici 3 points de vue différents pour éclairer la pratique du Zéro Déchet, et peut-être vous y mettre aussi !

Thomas Moreau : gérant de l’épicerie zero déchet GraspHopper

Avec le zero déchet, on a l’impression de pouvoir agir concrètement. La poubelle diminue et c’est très enthousiasmant. Le ZD induit un cercle vertueux : Si on veut se passer de plastique, on fait du circuit court. Quand on fait du circuit court, on se pose la question de la qualité de la nourriture. On passe alors naturellement au bio et au local. La démarche peut être faite au niveau micro (chez soi) ou au niveau macro. Par exemple, la ville de Roubaix est pionnière en la matière : de nombreuses mesures sont mises en place. Comme point de départ, les autorités ont lancé le défi à 200 familles zéro déchets. La surprise de cette opération, c’est que même le public précaire y parvient. On note l’exemple d’une dame qui, avec 1000€ par mois pour elle et ses deux ados, loyer compris, parvient enfin à boucler ses fins de mois grâce au changement de paradigme induit par le zero déchet.

Roubaix a lancé une initiative zero déchet pour les écoles et le matériel scolaire : on généralise la récupération du matériel d’une année à l’autre. Ils créent des labels pour les commerçants, avec une check list qui montre où en est le commerçant dans sa démarche. La commune se juge elle-même sur cette base. Des composts collectifs sont installés dans tous les quartiers. Le volet économique/entreprises est plus difficile dans certains secteurs, mais le mouvement démarre : des entreprises du bâtiment créent des circuits circulaires. L’une réutilise les déchets de l’autre.

Sophie de Mol : le Zero Déchet au quotidien

Auteur du blog https://lesvaleursdesophie.com/ qui reprend de nombreux conseils sur le ZD en pratique

Sophie a 35 ans. Suite à un burn-out, elle remet sa vie et le système de consommation en question. Sa motivation personnelle l’a lancée sur le zéro déchet comme nouveau point de départ. elle aE ensuite découvert Bea Johnson et son livre, qui l’a confortée dans sa démarche.
La première étape : commencer à se désencombrer. Après quelques temps de pratique, Sophie s’est mise à « voir » les emballages. Le ZD, c’est une démarche à faire petit à petit : prendre des nouvelles habitudes progressivement. Il faut trouver son début. Par exemple, commencer par les lingettes démaquillantes, puis remplacer les serviettes papier par des serviettes en tissu…
Dans les magasins locaux, on commence à amener ses tupperware, à la boucherie, etc. Les commerçants s’habituent vite.
En faisant les biscuits pour les enfants, on se réapproprie le temps et ce qu’il y a dans les aliments.
En fréquentant les petits commerces, on reprend aussi plaisir à discuter avec eux. Par la force des choses, on change un peu ses habitudes et on diminue la viande et les charcuteries car elle ne tiennent que 3 jours dans un tupperware.
Sophie a depuis repris son boulot, mais à temps partiel et en gardant du temps pour les choses importantes.
L’étape suivante, ça a été de passer au vrac, avec les sacs à vrac et les pots. Le pain tient très bien dans un sac en tissu ou dans une taie d’oreiller. On s’attaque ensuite à l’apéro idéal, en remplaçant les chips par d’autres choses plus goutues, ou du maïs à popcorn en vrac pour les enfants. Sur le web, on trouve plein de recettes, à faire rapidement. C’est une démarche très positive, et ludique. Ca permet de recréer un échange avec les enfants.

Les produits d’entretien ont suivi. Il y a des recettes pour tout : produit vaisselle, lessive, etc. Pour ceux qui ne veulent pas tout faire, les produits sont vendus en vrac dans les épicerie zero déchet.
Pour le déodorant, des solutions existent aussi. Ca demande quand même une certaine motivation. Par contre, il faut se rappeler ce qu’on se met sur la peau et les produits chimiques qui les contiennent ! Au final, et c’est important, l’équilibre financier est atteint. La somme des petits changement fait une grande différence.

Avec le Zero Déchet, la créativité se réveille, même quand on croit qu’on n’est pas créatif ! C’est ludique et les enfants adorent. Ils sont aussi fiers, par exemple de faire un bocal de cookies comme cadeau pour untel ou untel. On a l’impression d’apporter sa pierre à l’édifice, tout en sachant qu’on n’est pas parfait. Mais ça fait du bien.

Julie Drossaert : le zéro déchet comme mouvement citoyen

Coprésident de la locale de La Hulpe, Julie est très active dans le groupe Zéro Déchet, groupe « ZeD » de La Hulpe, qui est passé de 3 à 40 personnes en 6 mois !
La Hulpe s’est inscrite comme ville pilote zéro déchet. On l’a dit, le zero déchet, c’est un processus. Chaque famille fait son chemin à sa manière, en commençant par les produits ménagers, les vêtements ou autre. Le message est positif, créatif, et incite au partage. Les livres de base pour commencer : « la famille zéro déchet » et le livre de Béa Johnson.

Beaucoup d’actions ont été entreprise La Hulpe, notamment sous l’impulsion du groupe ZeD.
– Sensibilisation dans les écoles, qui peuvent lancer ce type de démarches en commençant par exemple par le cadeau/colis Saint-Nicolas des enfants, qui est moins cher qu’avec les friandises industrielles du colruyt.
– Mise en place d’ateliers locaux (conserve, etc.) qui recréent du tissu social.
– Création d’un label pour les commerçants, boîte à livre, prêt de matériel, givebox, gratiferia, achats groupés (désherbeur), achat directement aux producteurs (aussi pour les écoles), fontaine à lait, administration sans papier-digitalisation, etc.

Comment lancer un groupe « ZeD » ? Il suffit de commencer par lister les magasins, les initiatives, etc. qui existent sur la commune, puis recenser les prix et les endroits d’achat sur la commune. Un groupe local et Facebook est une ressource importante. On peut ensuite en parler avec le journal local, les écoles, etc. Pour avoir des infos et ouvrir un groupe ZeD, il y a un email de contact : z.lahulpe@gmail.com

De plus en plus de gens adhèrent au Zéro déchet. Il y a donc des choses à mettre en place au niveau des politiques à mener, notamment pour les circuits courts, les productions locales et bio, le choix du matériel scolaire dans les écoles, les repas dans les cantines, etc.(liste vraiment pas exhaustive). Les mentalités changent, les habitudes aussi, à nous de mettre en avant nos propositions pour y répondre !