« Après les dictatures du prolétariat qui ont ensanglanté le 20ème siècle, le 21ème risque-t-il de devenir celui des dictatures vertes ? ». La sinistre scribouillarde, historienne de son état, qui écrivait cela dans le numéro d’octobre de « L’Histoire »[[ Sylvie Brunel, « Développement durable : les prophètes de l’Apocalypse », L’Histoire n°324]] , fustigeant une vague verte jugée culpabilisatrice, sinon tyrannique, peut se rassurer : pas plus de dictature verte que de révolution de la même couleur à l’horizon. Certes, le monde est inquiet. Certes, il s’interroge sur l’avenir. Et tel un fumeur invétéré qui se met à cracher ses poumons tous les matins, il décide de supprimer la clope du petit déj’…

On joue les vieux râleurs ? Les intégristes ? Les frustrés de la chlorophylle ? Que nenni. Quand Barroso et ses copains décident d’assigner des objectifs à l’ensemble de l’Union européenne, on applaudit. Poliment. Mais sans ovation. On vise 20% de CO2 en moins ? Bravo. On aurait pu viser 30. On devait viser 30. Et encore, 30, tous ceux qui ont bien lu le dernier rapport du Giec (jugé optimiste par d’aucuns…) savent que ce n’est pas assez.

C’est marrant, ce décalage permanent, vous ne trouvez pas ? A part quelques illuminés (si j’ose dire…), tout le monde est d’accord sur la gravité de la situation. Tout le monde se félicite du prix Nobel du Giec (et d’Al). Et ces gars, dans leur rapport, ils disent : « pour éviter la cata, il faut des mesures radicales. Vu l’inertie des systèmes, il faudrait même du radical de chez radical, on arrête tout, on diminue de 200% nos émissions de gaz à effet de serre, mais bon, on est des scientifiques et pas des fantaisistes, on sait qu’il y a des impératifs et que tout le monde doit bien vivre, disons qu’on doit diminuer de 80% pour 2050, et tope-là ». Tout cela pour éviter le pire, bien sûr, pas pour revenir au paradis perdu d’avant les machines.

Barroso ne nous a pas servi de radical… Faute de grives, mangeons dès lors au moins les merles. Et c’est ici qu’il va falloir vraiment s’inquiéter. Entre le Grenelle du pauvre de Magnette et l’incohérence chronique d’Antoine, on est mal barrés.
Incohérence… L’écologie à l’humaniste, c’est la compensation CO2 comme ligne de conduite politique : « je te fais un peu de photovoltaïque, je peux y aller de quelques tronçons d’autoroute en plus. On me reproche d’encourager le trafic aérien ? Hé, mais j’ai donné 25 millions pour l’isolation des bâtiments scolaires… »

Bref, mes bons amis, ces 20% de CO2 en moins, ces 13% de renouvelable d’ici 2020, ce n’est pas fait. Loin de là. Mais en attendant, on va tout faire pour. Là où on est aux manettes (pas seuls, mais aux manettes quand même), il faut continuer ce qu’on a entrepris. Evelyne et son Cabinet nous ont présenté récemment leur bilan. Un bilan solide et convaincant, comme l’était par exemple celui d’un Daras en 2004. Preuve qu’en matière énergétique, nous avons une véritable expertise.

Dans nos 8 majorités communales, à la Province, on leur a emboîté le pas. Chacun, sur nos terres de prédilection, il faut que nous contribuions à ce que les objectifs que l’Europe a assignés à notre pays soient rencontrés. Parce que la première condition pour lui donner de l’ambition écologique, c’est de montrer que c’est réalisable, contrairement à ce que prétendent certains faux sceptiques[[ Comme ceux qui prétendent que le renouvelable en Belgique ne peut mathématiquement pas dépasser 8%. De mauvais Augures, certes, mais très intéressés à ce que leurs prédictions se réalisent…]].

Bref, voilà un objectif sympathique qui dépasse notre petit territoire : faire du Brabant wallon la province la plus verte du pays. Une province verte et très démocratique.

Bruno Ponchau

Photo (cc) Migufu