P+R de Louvain-la-Neuve : la panacée ?
Vous l’avez certainement lu : la fermeture du viaduc Herrmann-Debroux a eu le mérite de faire bouger des lignes en montrant que des petites choses pouvaient être mises en place rapidement sans coûter « un pont ». C’est le cas du service Conforto accru à Walibi, des trains supplémentaires sur la ligne Namur-Bruxelles et de l’ouverture anticipée du P+R de Louvain-la-Neuve. Malheureusement, ces mesures sot déjà annulées, vue la réouverture du viaduc.
Reste le P+R, qui est définitivement ouvert…malgré son succès plus que mitigé. En effet, les estimations les plus optimistes faisaient état de 80 voitures maximum lors des premiers jours d’ouverture. Cela, sans pouvoir distinguer les « vrais » navetteurs des étudiants ou de travailleurs ayant profité de la gratuité pour s’y garer. Quelle en sera la fréquentation une fois l’accès payant établi ?
Sans vouloir tirer de conclusions trop hâtives (les usagers ont besoin de temps pour adapter leurs comportements), cette situation doit être analysée. Le P+R de Louvain-la-Neuve est un des plus grands parking-relais du Benelux, avec ses 2338 places. Dans l’état actuel des la desserte LLN-Bruxelles, il est gravement surdimensionné. La ligne LLN-Bruxelles sera renforcée en décembre, mais cela sera probablement insuffisant pour remplir ce parking géant. Dès lors, au minimum, des mesures importantes doivent être prises par la SNCB pour faire connaître le P+R et améliorer encore l’attractivité de la liaison Louvain-la-Neuve – Bruxelles pour en faire une réelle alternative à la voiture. Sans quoi, ce colosse à 40 millions d’€ pourrait rejoindre les grands travaux inutiles.
Malheureusement, le dossier a aussi une facette institutionnelle : le succès et l’attractivité du parking dépendent fortement de sa facilité d’accès, assuré de manière transitoire par une voirie débouchant sur un rond-point existant. Dans le projet final, une bretelle d’accès directe depuis la E411 est prévue, passant sous la nationale 4. C’est un élément fondamental du projet, garantissant son attractivité et permettant de limiter les nuisances auxquelles seront confrontées les riverains. C’est également une condition importante pour la mobilité autour de Louvain-la-Neuve, déjà sous forte pression.
Mais cette voirie dépend de la Wallonie qui, pour des raisons budgétaires, a reporté ce chantier plusieurs fois. Alors que le parking est aujourd’hui ouvert, rien ne bouge : dans une réponse à une question posée le 10 octobre 2017 au Parlement de Wallonie, le ministre Di Antonio, en charge du dossier a déclaré qu’il « fera le maximum pour que ces travaux se réalisent». Toutefois, la presse nous apprend dans le même temps que le budget de 10,7 millions d’euros avait été trouvé, et que le SPW a pu lancer le marché public concernant ce chantier en juin dernier. La réponse du ministre étonne donc : sa prudence cache-t-elle quelque chose ?
Je poserai bientôt toutes ces questions, et d’autres, au ministre Bellot lors de la prochaine séance de la commission Infrastructures de la Chambre.
Marcel Cheron, député fédéral