Comme on le sait, mercredi dernier, le Conseil d’Administration a décidé de procéder à la rénovation des deux
lignes d’incinération à l’usine de Virginal, en préservant la capacité maximale de 110.000 tonnes.
Certains, dont les écologistes, proposaient de ne garder qu’une seule ligne, d’une capacité de 55.000
tonnes l’an. Nous démontrons, chiffres à l’appui (voir plus loin), que le seul traitement des ordures ménagères
résiduelles et des autorités publiques est tout à fait réaliste.

Aujourd’hui, le monde entier reconnaît l’absolue nécessité de réduire drastiquement le volume des déchets. Ils sont sources de nombreuses nuisances environnementales, depuis la pollution des océans jusqu’à la prolifération du Co2 dans l’atmosphère.

Les autorités publiques jouent un rôle majeur dans cet objectif : la réduction de production des gaz à effet de serre, du Co2 produit, la suppression des sacs jetables et des sacs plastiques, les obligations de tri, les collectes sélectives, le recyclage des encombrants, les initiatives « zéro déchets », les magasins en vrac, les ramassages collectifs, les amendes administratives pour les dépôts sauvages, les poursuites judiciaires, … sont autant de mesures prônées par les dirigeants et soutenues par les autorités locales.

Les citoyens aussi sont concernés, et d’année en année, les volumes diminuent grâce aux efforts des ménages. On rappellera aussi les mobilisations citoyennes en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.

Les entreprises elles aussi sont soumises aux obligations de tri et les producteurs d’emballage doivent participer aux frais de leur traitement après usage. C’est un des grands principes de la « responsabilité sociétale des entreprises (RSE) », notion largement répandue dans les milieux économiques et industriels, dont elles font largement usage dans leur communication positive.

Toutes ces mesures sont des pas concrets dans la réduction du volume des déchets. En Wallonie, le gouvernement s’est engagé très volontairement dans ce combat : il s’est engagé à réduire de 50% les volumes incinérés pour 2027. Et en Brabant Wallon ?

Depuis 50 ans, l’intercommunale du Brabant Wallon (anciennement IBW, aujourd’hui InBW) est en charge de la gestion des déchets, pour compte des communes. Et depuis 50 ans, elle a choisi l’incinération pour éliminer les déchets.
Et depuis 50 ans, elle n’a pas changé de politique. Bien sûr le barbecue à poubelles de 1970 est devenu une usine performante, et pour mieux la faire accepter elle a été élégamment rebaptisée « Unité de Valorisation énergétique », mais cela reste une unité de
production de co2).

Mercredi, lors du Conseil d’Administration, l’intercommunale pouvait devenir un agent actif, un rouage, un maillon de la chaîne de réduction des déchets. En réduisant sa capacité d’incinération elle pouvait donner un signal clair aux producteurs de déchets qu’elle n’allait plus leur procurer une simple solution d’élimination, mais qu’ils devaient soit imaginer d’autres filières, ou au mieux réduire. Las, elle a préféré le passé. Même elle argumente que si le volume des ordures ménagères doit venir à baisser elle compensera par des contrats avec des industriels !

L’intercommunale est pourtant une institution publique, outil chargé de mettre en œuvre des décisions prises par d’autres autorités publiques, à tous les échelons. Elle est (théoriquement) pilotée par les communes associées, et soumise à la tutelle de l’autorité régionale. Les autorités communales rivalisent d’efforts pour inciter leurs concitoyens à réduire leurs déchets, l’autorité régionale annonce une réduction de 50% de l’incinération, et l’intercommunale décide autrement.

Elle se comporte comme une entreprise autonome, simplement déconnectée de la réalité et peu soucieuse de l’avenir. Si elle a décidé qu’une de ses préoccupations transversales était la décarbonation du Brabant Wallon, elle ne l’applique pas pour elle-même.

Alors, nous, administrateurs écologistes de l’InBW, nous sommes déçus et attristés de la décision. Nous avons apporté nos arguments, démontré nos calculs, encouragé à revoir les postulats, demandé à agir solidairement avec la Région Wallonne,…. Peine perdue, la majorité MR-PS préfère le statut quo rétrograde à la vision d’avenir.

Muriel Flamand, Thierry Henkart, Bernard Löwenthal, Thierry Meunier, Hadelin de Beer,
Administrateurs Ecolo, InBW