Incinérateur de Virginal : InBW évite le débat sur la nécessité des deux fours

Publié le 13 juillet 2018
Rédigé par 
Nicolas Blanchart

Ecolo BW constate que InBW a lancé la procédure de permis pour le renouvellement des deux fours de l’incinérateur de déchets de Virginal, dans une période peu propice à la participation. L’enquête publique touche à sa fin, alors que cette décision aurait nécessité un débat : investir dans deux fours, grands émetteurs de CO2 pour les années à venir, alors que la Wallonie prône une réduction drastique des quantités de déchets collectés et incinérés, méritait réflexion. A l’heure des initiatives Zéro déchet, un seul four ne suffirait-il pas ?

Si le point de la gestion des déchets était à l’ordre du jour du CA d’InBW de mai 2018, il s’agissait d’une présentation par le service technique et non d’un débat sur le fond. Les arguments de InBW sont connus et répétés sans cesse : les deux fours sont nécessaires pour faire face à la masse de déchets ménagers et industriels des brabançons wallons. Un seul four ne suffirait pas. Point. Mais cette position de InBW est largement contestable, et va même à l’encontre des positions de la Wallonie. Il a manqué un débat approfondi dans les instances ad hoc d’InBW et du BW en général.

Jean-Luc Roland précise : « En conseil d’administration d’InBW, Ecolo avait demandé qu’un groupe de travail se réunisse pour examiner le sujet en profondeur. La proposition avait été acceptée, mais ce groupe ne s’est pas encore réuni. Pourtant, InBW a déposé sa demande de renouvellement des deux fours, comme si de rien n’était, alors qu’elle a encore 6 ans pour le faire ».

’enquête publique se termine ce 13 juin, mais Ecolo ne perd pas espoir que le MR, largement majoritaire au sein d’InBW, respecte sa parole et réunisse le groupe de travail. Un débat sans tabou et éclairé par des experts indépendants est nécessaire. C’est seulement après cette réflexion en profondeur que des demandes de renouvellement de permis pourront être introduites.

Comment agir pour faire changer les choses ?

L’enquête publique se clôture le 13 juillet. Dès lors, Ecolo demande à tous les citoyens des 4 communes concernées :

a) de répondre à l’enquête publique que le débat sur la prolongation des fours d’incinération doit se tenir après les élections communales et provinciales et après un débat approfondi et contradictoire au sein d’InBW ;

b) de répondre à l’enquête publique que les seules hypothèses envisagées par InBW sont celle favorables à la prolongation des fours, ce qui ne permet pas de prendre une décision éclairée, et qu’il y a lieu de recommencer l’étude avec des hypothèses plus diversifiées ;

c) de répondre à l’enquête publique qu’il n’y a pas lieu que le BW s’oppose à la politique de réduction des déchets de la Région wallonne, et que la prochaine version de la demande doit tenir compte des objectifs de la Région ;

d) de répondre que dans l’état, il y a lieu de refuser la demande.

Hadelin de Beer Co-president Ecolo BW
Jean-Luc Roland Administrateur Ecolo InBW

Pour aller plus loin….

Le renouvellement des deux fours : une utilité contestable

Une étude d’opportunité avait été présentée en mars 2018 par InBW, pour justifier le maintien des deux fours. Cette “étude” ne vise qu’une chose : justifier la position d’InBW, en trouvant des arguments “pour”. C’est assumé : on peut lire, « Inbw nous a confié une mission d’analyse et de comparaison de différents scénarios […] permettant d’envisager de s’inscrire dans une logique de continuité et dès lors planifier les travaux requis ». Ses hypothèses et arguments sont donc orientés et discutables : il faut garder le niveau d’exploitation à son niveau actuel en incinérant 160 kg/hab/an (95.000 tonnes/an), InBW veut poursuivre sa politique d’incinération actuelle pour pouvoir valoriser l’énergie électrique produite par l’unité de Virginal. Pour InBW, ce tonnage doit donc être maintenu, même s’il faut pour cela importer des déchets industriels.

Pour Ecolo, le maintien d’un seul des deux fours suffira à faire face à la demande, si une politique de prévention efficace est mise en oeuvre.

De nombreuses communes wallonnes ont déjà fait le choix de changer de mode de collecte pour des conteneurs pesés. Le test effectué à Chastre depuis 2016 a fait fondre les poubelles de près de 30% en un an. Cette solution changerait la donne : la récolte via des poubelles pesées associée à une récolte des organiques, qui sera bientôt une obligation en Wallonie, fait tomber la production moyenne à moins de 80 kg/hab/an, soit moins de 40.000 tonnes totales à incinérer pour le BW, auxquels il faut ajouter les déchets industriels. Les fours de Virginal ont une capacité d’incinération de 50 à 60.000t/an. En mettant ces mêmes mesures en place en Bw, nous n’aurions plus besoin que d’un seul four, même en tenant compte de la marge de 10% nécessaire pour faire face aux arrêts techniques. Ceci représente une économie d’investissement (30 millions d’Euros), et donc une économie sur la facture “déchets” des habitants du BW.

Pour Hadelin de Beer, « on dirait que InBW ne considère que son seul territoire, sans s’inscrire dans une politique d’intérêt général sur le territoire wallon : selon le plan wallon des déchets, en 2025, les capacités de traitement des différents incinérateurs wallons seront plus élevées que la quantité de déchets à traiter. Dès lors, pourquoi renouveler le four de Virginal qui arrive en fin de vie ? »

Passons sur les arguments qui vont tout simplement à l’encontre des décisions de la Wallonie, pour en analyser un qui laisse pantois : l’étude d’opportunité essaye de prouver que la fermeture d’un des deux fours provoquerait plus de déplacements de camions, redirigés vers des incinérateurs d’autres provinces. La conclusion : l’arrêt occasionnerait une hausse de CO2 lié au transport de 400 tonnes par an. Une tuile qui est censée nous convaincre…

400 tonnes, ce sont les émissions annuelles de CO2 de 130 vaches, de la consommation de mazout de 50 ménages, ou de… 400 tonnes de déchets incinérés. Le passage à la poubelle pesée et au ramassage des organiques constituerait, quant à lui, une économie de plus de 40.000 tonnes de CO2 !

Face aux propositions à court terme, non concertées et fondées sur des hypothèses erronées, Ecolo propose d’autres solutions environnementalement et économiquement viables.

Hadelin de Beer Co-president Ecolo BW
Jean-Luc Roland Administrateur Ecolo InBW