Le budget 2020 manque cruellement d’ambitions et de nouveautés. Il est un vague copié-collé de celui de 2019, il manque d’anticipation devant les échéances qui s’annoncent comme la prise en charge des frais des zones de secours, il ne fait pas de choix prioritaires, il épuise une grande partie des réserves, il ne propose rien en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, il comporte des manquements graves en matière de personnel.

Ecolo a déposé un amendement pour soutenir la proposition régionale de plantation de 4.000 km de haies, amendement qui a été refusé par la majorité.

Ci-dessous, le texte complet de notre intervention au conseil provincial.

Mesdames, Messieurs,

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle concernant le budget 2020 de la province.

Je commence par la bonne.

Nous ne demanderons pas de vote détaillé sur les articles budgétaires aujourd’hui. Nous nous exprimerons uniquement lors du vote global. Cela devrait rassurer tout le monde, et sensiblement écourter la durée de ce Conseil. Je suppose que chacun s’en réjouira.

En effet, nous avons reçu en réunion de commission toutes les réponses à nos questions d’éclaircissement et les réponses ne nécessitent pas d’investigations complémentaires.

Je voudrais, à cet égard, remercier les autorités provinciales et les représentants de l’administration pour leur disponibilité et pour la précision de leurs réponses.

Notre conclusion concernant la version 2020 du budget provincial est la suivante : il est clair, précis et suffisamment détaillé. Nous n’avons pas de raisons de remettre en question la véracité et l’exactitude de son contenu.

Notre conclusion concernant la version 2020 du budget provincial est la suivante : il est clair, précis et suffisamment détaillé. Nous n’avons pas de raisons de remettre en question la véracité et l’exactitude de son contenu.

Et nous approuvons et soutenons les politiques d’encouragement à la pratique du vélo, de la gestion des cours d’eau et de la lutte contre les inondations, de l’accueil de la petite enfance, des seniors, des personnes porteuses de handicap, de certaines politiques en faveur de l’accès au logement, du soutien à la culture, de l’enseignement.

Mais toute médaille a son revers et j’en viens à la mauvaise nouvelle : nous ne pouvons pas soutenir ce budget.

« Dire et ne pas faire »

  1. En 2018, juste après l’installation du nouveau Conseil, nous avons voté un budget 2019 présenté comme « technique », réplique de celui de 2018. On nous a annoncé en première modification budgétaire le premier budget politique.
  2. En mars 2019, ce budget « politique » présentait les grands projets de la majorité : la continuité des investissements pluri annuels (principalement écoles et domaines provinciaux) et la concrétisation du projet de législature : « Le Cube »
  3. Et bien aujourd’hui, c’est rebelote : les domaines provinciaux et le Cube.

Pourquoi un des projets désigné « projet de législature » n’a-t-il pas évolué d’un iota en 2019 ?

On l’a vu au compte 2018, le degré de réalisation des projets à l’extraordinaire est de 60%. Nous en déduisons que le budget est avant tout un acte politique d’annonces et pas une réalité tout à fait assumable . Que penser alors des projets 2020 ?

« Ambition »

Le président du Collège le reconnaît lui-même aujourd’hui dans la presse, et anticipe notre analyse d’un budget en manque d’ambitions.

Il justifie cela avec la posture de prudence en attendant certaines obligations qui pourraient arriver. Mais le principe de précaution n’est pas contradictoire avec une certaine anticipation. On connaît la finalité des décisions régionales en matière de financement des zones de secours, la prise en charge complète du financement par les provinces. Ce n’est pas un décret d’application qui modifiera l’objectif.

On pourrait donc anticiper et placer en provisions des montants significatifs pour assurer cette obligation. Mais pour cela, il faut faire des choix…

« Politiques moins prioritaires »

Le Collège provincial annonçait dans sa Déclaration de politique provinciale que « de manière indiscutable, le conseil devra s’interroger sur les choix budgétaires qui ont été pris ces dernières années, et, au besoin, tirer les conclusions de certaines politiques moins prioritaires aux yeux de la région ».

Est-ce qu’un budget « copié-collé » est le résultat de cette analyse des choix antérieurs et d’une redirection de certaines politiques ?

La majorité ne fait aucun choix, elle continue sur la même voie, inexorablement.

« Comment financer ? »

Comme la balise d’emprunt est fixée à 50€ par habitant par an, le budget extraordinaire ne peut pas être entièrement financé par emprunt. Une ponction des réserves est la seule solution restante.

Mais cela devient l’habitude, chaque exercice depuis deux ans, aux alentours de 7Mo€ réduisent le total des fonds de réserves. Il nous reste de quoi constituer, pout toutes choses restant égales par ailleurs, le financement complémentaire d’un seul exercice.

Les observateurs extérieurs (cours des comptes et directions financière) pointent d’ailleurs cet appauvrissement de la province comme une difficulté pour les années à venir.

« Gouverner, c’est prévoir ». A la province, pour un budget « copié-collé », on dépense les bas de laine.

« La lutte contre les dérèglements climatiques »

On cite dans l’introduction le plan « Colibri » afin d’assurer la part de la province dans le défi climatique…

Quelles sont les actions concrètes dans cette nouvelle livraison du budget 2020 ?

Je le rappelle en quelques lignes…

Plan Colibri

  • Rendre plus transparent le travail réalisé par la Province afin d’assumer sa part dans le défi climatique mondial et de compléter d’actions pertinentes et efficaces en la matière.
  • Reprendre l’ensemble de nos actions transversales réalisées ou à réaliser afin de placer le BW dans le peloton de tête des territoires innovants en matière du respect de notre cadre de vie.
  • Emission carbone et suivi
  • Bâtiments publics PEB, et encourager les opérateurs publics du BW à renforcer leurs projets en la matière.
  • Gestions des déchets et plastiques à usage unique.
  • Enseignement : Développement de filières porteuses en matière d’évolution des attentes environnementales.

Déjà dans le PST, on ne retrouvait pas d’actions concrètes pour réaliser cet objectif (sauf la réduction de l’empreinte carbone (1.12), zones propices à la biodiversité (5.1),)

Mais pas un mot sur la transparence du travail réalisé par la Province, sur les nouvelles actions pertinentes dans le défi climatique, sur le peloton de tête du cadre de vie, sur les bâtiments publics et l’encouragement des opérateurs publics, sur la gestion des déchets et des plastiques à usage unique, sur les nouvelles filières dans l’enseignement.

La majorité a dit un jour « il ne faut pas être écologiste pour faire de l’écologie ». Ce n’e sera pas encore en 2020 que l’on concrétisera cela

« L’attention au personnel »

Le plan d’embauche est vide. Et reporté.

Quel est le message adressé au personnel dans cette situation ?

L’état des services, l’ambiance des services, la motivation, la lutte contre l’absentéisme,….

C’est absolument nécessaire d’avoir cette vision en permanence. Et elle se traduit dans le plan d’embauche, notamment.

Devons-nous considérer que ce travail permanent n’est pas fait en bonne gestion ?

En conclusion

Deux exercices (2019 et 2020) de perdus. Deux exercices de ronronnement. Deux exercices de continuité.

La majorité MR-PS, en décidant de perdurer et de se reconstituer pour cette législature. Elle continue sa gestion dite prudente, sans souffle, sans imagination.

Le groupe ECOLO veut compenser ce manque de volonté par cet amendement au budget provincial 2020.

 

Amendement

Le « Plan Colibri » annoncé dans la déclaration de politique provinciale de début de législature, se concentre sur les ambitions internes au propre fonctionnement de l’institution provinciale. Nous pensons qu’il est tout aussi important que la Province développe une politique de soutien volontariste aux initiatives sur l’entièreté de son territoire.

A cette fin, nous proposons que la Province s’inscrive dans le plan régional wallon d’installer 4.000 km de haies durant cette législature. D’aucuns pourraient estimer que cette mesure est anecdotique et non relevante. Nous pensons au contraire que la lutte contre le dérèglement climatique passe aussi par le développement de la biodiversité qui a été malmenée par les développements de l’activité humaine. Notre territoire souffre de disparitions d’espèces animales, d’insectes, de diversité végétale.

Les citoyens, entreprises, institutions publiques et privées doivent s’inscrire dans cette lutte permanente.

Il faut les y aider, leur donner des signaux clairs, les y encourager.

Pour réaliser cette ambition, nous proposons d’augmenter d’un million d’euros l’article budgétaire de soutien à la biodiversité.

Notre proposition est basée sur le calcul suivant :

  • Le territoire du Brabant Wallon représente environ 10 % de l’ensemble de la Wallonie.
  • Nous pouvons prendre en charge l’installation de 400 Km de haies, soit 10% de l’engagement de la Région Wallonne.
  • 1 km de haies coûte 500€ environ.
  • Le coût global de 400 Km de haies revient à 2.000.000€.
  • Nous proposons que la Province prenne en charge 50% des frais consentis par les opérateurs qui plantent des haies sur notre territoire (particuliers, agriculteurs, pouvoirs publics, instances diverses, …)
  • Un règlement provincial spécifique d’appel à projets sera rédigé et proposé au Conseil pour mettre en œuvre cette décision budgétaire, en concordance avec le décret ou la circulaire (à venir) wallonne qui définira mieux les conditions du déploiement.

Nous espérons que la majorité du Conseil provincial soutiendra cet amendement.

Essentiellement pour deux raisons :

  • La majorité régionale est soutenue par le MR et le PS qui forment la majorité provinciale.
  • Un premier pas a déjà été approuvé par la majorité qui inscrit au budget ordinaire 2020 un soutien à une initiative proche de plantations (Subsides ASBL, Entreprises – ASBL AER Aqua Terra – 15.000 €)

Cet amendement a été rejeté.